NINO FERRER
     
 


C'est un endroit qui ressemble à la Louisiane
A l'Italie
Il y a du linge étendu sur la terrasse
Et c'est joli

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en été

Y'a plein d'enfants qui se roulent sur la pelouse
Y'a plein de chiens
Y'a même un chat, une tortue, des poissons rouges
Il ne manque rien

On dirait le Sud...

Un jour ou l’autre, il faudra qu’il y ait la guerre
On le sait bien
On n’aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire
On dit c’est le destin

Tant pis pour le Sud
C’était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d’un million d’années
Et toujours en été


On est parti samedi dans une grosse voiture
Faire tous ensemble un grand pique-nique dans la nature
En emportant des paniers, des bouteilles, des paquets
Et la radio

Des cornichons, de la moutarde
Du pain, du beurre, des p'tits oignons
Des confitures et des oeufs durs, des cornichons
Des corned-beef et des biscottes
Des macarons, des tire-bouchons
Des petits beurres et de la bière, des cornichons

On n'avait rien oublié, c'est maman qui a tout fait
Elle avait travaillé trois jours sans arrêter
Pour préparer les paniers, les bouteilles, les paquets
Et la radio

Le poulet froid, la mayonnaise
Le chocolat, les champignons
Les ouvre-boîtes, et les tomates, les cornichons

Mais quand on est arrivé, on a trouvé la pluie
C'qu'on avait oublié c'étaient les parapluies
On a ramené les paniers, les bouteilles, les paquets
Et la radio

On est rentré manger à la maison
Le fromage et les boîtes
Les confitures et les cornichons
La moutarde et le beurre
La mayonnaise et les cornichons
Le poulet, les biscottes
Les oeufs durs et puis les cornichons


La maison près de la fontaine
Couverte de vigne vierge et de toiles d'araignée
Sentait la confiture et le désordre et l'obscurité
L'automne
L'enfance
L'éternité...

Autour il y avait le silence
Les guêpes et les nids des oiseaux
On allait à la pêche aux écrevisses
Avec Monsieur le curé
On se baignait tout nus, tout noirs
Avec les petites filles et les canards...

La maison près des HLM
A fait place à l'usine et au supermarché
Les arbres ont disparu, mais çá sent l'hydrogène sulfuré
L'essence
La guerre
La société...

C'n'est pas si mal
Et c'est normal
C'est le progrès.

 

Merci à Laetitia pour ces paroles

 
     

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